Accueil A la une Grèves, pannes fréquentes, agressions… : Le transport va très mal

Grèves, pannes fréquentes, agressions… : Le transport va très mal

 

Personne ne peut mettre en doute l’importance du secteur du transport dans le développement d’un pays. La réalité que nous vivons montre bien que les difficultés majeures rencontrées par le citoyen viennent justement des insuffisances et des contre-performances enregistrées au niveau de ce secteur éminemment stratégique. D’où l’urgence de se pencher, sérieusement, sur la question et d’oser entreprendre des programmes ambitieux pour relever les défis des années à venir.

Quand on fait une petite rétrospective, on peut considérer que le Tunisien était mieux loti qu’aujourd’hui. La colonisation française a doté le pays des chemins de fer. Bien sûr, ce n’était pas pour les beaux yeux des Tunisiens, mais c’était, surtout, pour le transport des richesses extraites dans les régions du pays à l’instar des récoltes agricoles et du phosphate.

Mais, tout de même, elle a posé les premiers jalons d’un réseau ferré de plus de 2.000 kilomètres. Malheureusement, ce réseau est malmené et très mal exploité. De nombreuses lignes ont été supprimées et des destinations ont été privées de dessertes. N’importe qui, aujourd’hui, peut bloquer une ligne de chemin de fer pour une raison ou une autre. C’est le cas des lignes qui passent par le bassin minier. On invoque les problèmes de l’emploi. Mais on sait que derrière ces actes il y a toute une combine. Ainsi, le transport du phosphate est dérouté. Au lieu des wagons, on préfère les camions. Le coût passe, alors, du simple au triple voire au quadruple ! Les marchandises et d’autres produits sont acheminés par des camions à la place les voies ferroviaires. Pendant toutes ces années, les autorités ne sont pas parvenues à trouver une solution, laissant le champ libre à tous ceux qui cherchent à paralyser le travail et ont tardé à rétablir le droit à la libre circulation des biens et des personnes.

La situation n’est pas meilleure sur le reste des autres lignes. La vétusté des moyens roulants et l’absence d’investissements pour les rénover ne font qu’aggraver les difficultés et accumuler les pertes. Pourtant, tout le monde sait que l’option du rail est celle qui est retenue par tous les décideurs sous d’autres cieux et que, tout simplement, l’avenir est au rail. C’est ce qu’ont compris plusieurs pays qui ne lésinent pas pour développer ce moyen de transport.

En Tunisie, on a l’impression que rien n’est fait pour aller de l’avant et adapter les moyens aux besoins réels du pays. Un relâchement manifeste est constaté à tous les niveaux. On ne fait que reculer. Aussi bien au niveau du transport terrestre, aérien que ferré on ne voit aucune avancée ou tentative de faire bouger les choses vers une sortie de crise.

Favoriser le privé ?

Les conditions de transport (du moins pour les passagers des différents moyens) ne font qu’empirer. Les usagers subissent quotidiennement les conséquences de cette situation catastrophique et cela se répercute, automatiquement, sur tous les secteurs de la vie économique. Cela concerne non seulement le Grand-Tunis mais, également, toutes les régions de l’intérieur. La qualité des prestations est en deçà des attentes. Le client n’est pas satisfait des services fournis par le transport public. Par contre, c’est le transport privé qui en profite largement. Taxis individuels, taxis collectifs, louages, transport clandestin, etc. Tout le monde a sa part du “festin”. C’est pour ces raisons que certains soupçonnent des parties non identifiées de favoriser le privé aux dépens du public.

Les preuves sont nombreuses. Quand on voit la régularité des incidents dans les moyens de transport on ne peut que s’inquiéter. Ces incidents comme les grèves, les pannes, les fréquences des lignes de bus ou de métros, le nombre très faible des parcs de véhicules, le mauvais entretien de ces parcs, on ne peut s’empêcher de conclure aux pires hypothèses.

On se demande si on ne fait pas exprès de perturber le secteur pour créer une certaine lassitude et  préparer les utilisateurs au choix du privé. Ce n’est là, à notre avis, que l’impression qui se dégage du climat ambiant.

Dernièrement, des citoyens ont bloqué le métro au niveau de la station de la République pour protester contre les mauvaises fréquences et l’absence de métros ou le manque flagrant de matériels. Ces citoyens ont rappelé que ces dysfonctionnements leur occasionnent des dommages et leur causent de nombreux problèmes dans leur travail. Lorsque les moyens de transport accusent des retards (bus, métros) cela entraîne des retards dans les diverses activités économiques. Et quand cela devient régulier, c’est la catastrophe. Les pertes sont subies par tout le monde.

Absence de stratégie

Certes, on nous dira que le pays n’est pas en mesure de faire front actuellement à tout ce que le secteur subit. Il ne dispose pas des budgets nécessaires, etc. On peut comprendre. Mais on peut reprocher l’absence lamentable d’une approche stratégique. Avant 2011, les projets dans ce sens étaient en gestation ou en réalisation. C’est le cas de la construction de nouvelles lignes de métros. Les programmes s’étendaient jusqu’en 2017 avec l’extension de la ligne 6 vers son terminus. L’acquisition de plusieurs dizaines de rames et de centaines de nouveaux bus était prévue ainsi que des avions. La ligne de chemin de fer de la banlieue sud (après avoir été complètement électrifiée) a eu ses nouvelles voitures mises en service dès août 2010 avec un deuxième lot en 2014.

Toutes ces réalisations sont presque à l’abandon et ne bénéficient pas de l’entretien nécessaire. C’est ainsi que de nombreux bus ou rames de train ou de métros (les cimetières de ces engins dans les voies de garage ou dans les dépôts en témoignent) peuvent être réparés et servir de nouveau. Mais l’absence de volonté demeure un grand obstacle. Il n’y a pas de stratégie dans ce sens.

D’autre part, l’acharnement sur le matériel roulant par le biais des attaques ciblées commises (nous dit-on par des mineurs) donne le coup de grâce. On ne parvient pas à freiner ces agressions quasi quotidiennes contre les moyens de transport aussi bien dans le Grand-Tunis que sur les autres axes routiers ou ferroviaires. Ce n’est pas parce que les auteurs sont des mineurs qu’on doit se résigner et baisser les bras. La loi doit être appliquée contre ces délinquants ou leurs parents. On ne peut pas trouver des excuses à de tels forfaits. Car on ne pense pas que ces actes sont dus au hasard. D’ailleurs, on se contente, jusqu’à présent, de nous signaler ces faits et c’est tout. On ne nous parle pas des suites. Justement. Il faut dénoncer ces crimes et annoncer le résultat des enquêtes et des sanctions pour que tout le monde sache ce qu’il en coûte de s’attaquer aux biens publics.

En tout cas, le secteur du transport va de mal en pis et on constate avec amertume qu’il n’y a aucun effort véritable pour lui trouver une solution. Or, nous pensons qu’il est encore temps de le sauver et de le redresser moyennant une audace affirmée et confirmée. Celle-ci consisterait, d’abord, à croire que c’est par cette voie qu’on pourra offrir aux Tunisiens un cadre de vie meilleur. Ensuite, il sera important de réserver les fonds nécessaires pour la concrétisation de vrais programmes de développement. N’oublions pas que c’est le transport qui est la vraie locomotive de tout développement. Il ne faut pas avoir peur de mettre le paquet.

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